Pourquoi nous publions un article de Laurent Mucchielli

Par l’équipe de L’ardeur, association d’éducation populaire politique.

Exception à la règle, ou plutôt à la pratique habituelle, qui est que les articles de ce site soient écrits par des membres de L’ardeur, celui que vous allez lire ci-dessous est signé de Laurent Mucchielli. Le sociologue ayant vu son texte du 30 juillet (« La vaccination Covid à l’épreuve des faits. Deuxième partie : une mortalité inédite ») « dépublié » par Mediapart, il a sollicité L’ardeur pour publier la suite de son enquête. Nous avons accepté cette demande tant il nous semble que les interrogations posées ne peuvent être évacuées sans aucun débat.

L’argument selon lequel sa légitimité pourrait être mise en question par le fait qu’il intervient aujourd’hui dans le domaine sanitaire, pour lequel « il n’a pas de compétence universitaire ou scientifique particulière », nous semble spécieux et inquiétant. Car c’est à une question bien plus large que le seul aspect sanitaire que nous sommes confrontés.Les politiques réactionnaires des dernières décennies ont imposé l’idéologie sécuritaire qui, plutôt que d’interroger les conditions matérielles d’existence de populations catégorisées comme « défavorisées », les ont criminalisées toujours plus sévèrement. Les travaux de Laurent Mucchielli n’ont eu de cesse de montrer comment ce récit sécuritaire avait été pensé et mis en place, quand bien même l’examen des faits en démentait le discours. Et les forces politiques de gauche d’accepter, d’endosser, voire de durcir, encore ces législations. Nous entrons aujourd’hui, sous couvert d’un « état d’urgence sanitaire », dans une phase de contrôle total de la population, un nouvel « ordre sanitaire » calqué sur la mise en place de « l’ordre sécuritaire », comme nous le pressentions déjà lors de la rédaction de l’article « Covid 19, l’ami des dominants ». Après l’instrumentalisation et la stigmatisation du jeune, forcément de banlieue, celle du « non-vacciné ». Ainsi que l’ont montré les philosophes Barbara Stiegler et Grégoire Chamayou, les penseurs du néo-libéralisme, de Lippman à Hayek, ont théorisé le principe d’un État fort, policier et carcéral, pour maintenir sous contrôle des populations qui risqueraient de ne pas comprendre ou accepter la condition qui leur est assignée. Nous nous y dirigeons à grands pas et, une nouvelle fois, celle qui se nomme encore la gauche, dans sa quasi totalité, fait allégeance. Mais ne nous y trompons pas, nous parlons là de la gauche médiatisée, pas de celle que nous sommes nombreuses et nombreux à revendiquer, même parfois maladroite et désorganisée : nous sommes là !

Inquiétant car nous voyons un piège se refermer : celui qui voudrait que seuls des spécialistes – experts en médecine et santé –, dûment légitimés, soient désormais autorisés à porter une parole publique. L’argumentation de Mediapart est par ailleurs fallacieuse car elle repose sur l’idée que le texte de Laurent Mucchielli diffuserait de « fausses informations » : la rédaction de Mediapart peut contester l’interprétation que le sociologue fait des chiffres qui appuient sa démonstration, il n’empêche que ceux-ci sont officiels et se trouvent aisément sur le site de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Nous savons le pouvoir des mots : étendre la notion de « fausses nouvelles », jusque-là réservée aux faits eux-mêmes, à leur interprétation est porteur des dérives potentielles les plus graves.

Militants de l’éducation populaire, nous croyons que chaque citoyen.ne est en capacité de se forger un point de vue. À condition que soient respectés les principes de libre expression et de débat contradictoire. Sans porter de jugement sur le fond de ses articles, nous sommes totalement solidaires de Laurent Mucchielli dans sa lutte pour faire respecter ces principes. La dépublication de l’article d’un directeur de recherche du CNRS par Mediapart est un geste proprement inouï : nous revendiquons de pouvoir lire des analyses critiques de la politique sanitaire dans des médias « de gauche ». Mediapart rejoint dans ce geste de censure Facebook, YouTube et l’ensemble des médias de propagande gouvernementale. Nous attendons de Mediapart que cette décision qui enfreint leurs propres règles d’utilisation de la communauté soit annulée. Nous serions particulièrement tristes de devoir aussi nous méfier de la censure de Mediapart.

Voici donc la suite de l’enquête collective (Laurent Mucchielli, Hélène Banoun, Emmanuelle Darles, Éric Menat, Vincent Pavan et Amine Ulmine) sur la vaccination anti-Covid.

 

 

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